30 juil. 2010

Phoenix + Babyshambles + Metronomy + Skip The Use

28 Juillet 2010, Six Fours Les Plages

Ayant bêtement raté Phoenix lors de leur récent passage sold out au Docks des Suds, l'annonce de cette soirée de rattrapage au Gaou fut une excellente nouvelle, encore plus alléchante avec l'ajout de Metronomy.

Suffisamment motivant en tout cas pour poser un jour de congé exprès et faire passer massivement le mot autour de mes amis véhiculés ou non.
S'il restait des places à vendre le jour même, l'imposante jauge du site (magnifique, on ne le répétera jamais assez) est néanmoins pleine à craquer.

Comme on pouvait s'y attendre avec les têtes d'affiches la moyenne d'age du public est très jeune, et coté fans si on se base sur les t-shirts croisés, beaucoup étaient là pour le groupe de Doherty.

19h30, début des festivités avec le seul groupe qui m'était inconnu au bataillons, les Lillois de Skip The Use.
S'il y avait une touche skip pour zapper certains titres, j'en aurais abondamment usé, leur rock fusion à la Red Hot / FFF ne me parlant pas des masses.

Le succès est néanmoins au rendez vous, leurs riffs graisseux et lignes de basses bondissantes font rapidement monter l'ambiance dans les premiers rangs.
Et on ne pourra pas dire que leur chanteur, improbable croisement entre Tricky et Jessy Matador, fasse de la figuration : c'est une bête de scène qui crie, danse, saute de partout.
Ne leur manque qu'un vrai tube à la "Allez Ola Olé" pour m'embarquer dans leur trip.

Des tubes imparables, Metronomy en a plein son album "Nights out" qui continue deux ans après à s'incruster régulièrement dans mes playlists.
Ce n'est pas tout à fait la formation initiale qui officie ce soir devant une assistance relativement réceptive.
Si Joseph Mount reste toujours maitre à bord avec l'habituel Oscar Cash au clavier et saxo, se sont rajoutés la belle Anna Prior à la batterie, et le non moins élégant Gbenga Adelekan à la basse.


Une formule plus "live" et moins electro, mais qui s'avère toujours aussi bigarrée, difficile parfois de les suivre tant leurs mélodies sont tordues et semblent malléables à l'infini.

Ils ne sont très charismatiques ni des chanteurs exceptionnels mais que d'idées à la minute, quel sens du groove patraque, de la mélancolie poisseuse ET entrainante.

Leur show n'est peut être pas des plus adaptés à une si grande scène mais il est souvent jouissif : ces "Heartbreaker", "Radio Ladio" ou "On dancefloors" entrecoupés d'étranges interludes installent une drôle d'ambiance et pour ma part donné très envie de les revoir dans un cadre plus intimiste.

La suite est logiquement plus convenue, mais on ne va pas bouder son plaisir pour autant, si je n'ai jamais réussi à écouter en entier un album des Babyshambles, je dois à une de leurs fans un de mes plus gros fou rires de ces dernières années.



Gag qui n'aura pas lieu ce soir, non seulement Pete et ses vieux briscards de faire valoir n'ont pas annulé au dernier moment, mais il vont nous les briser pendant une heure pleine.
Le temps d'essayer de comprendre la fascination qu'exerce l'enfant terrible du Rock Anglais.
Sa prestation nonchalante, limite fantomatique, qui ferait passer Higelin pour Jagger, n'est pas si mauvaise que redoutée, juste ennuyeuse.

Ça pourrait être amusant à écouter après un West Ham / Wolverhampton moisi en finissant un fish and chips tiède, ça l'est un peu moins en attendant de pied ferme nos chers Versaillais.

Surtout lors des morceaux laidback même pas sauvés par l'apparition régulière de ballerines drapées aux couleurs de l'Union Jack, seul vraie surprise de leur concert ô combien prévisible.

Ah oui il y a aussi ces intros piquées aux Cure et à Joy Division, au cas on aurait pas compris qu'ils l'aiment d'amour ce rock Britannique au point d'en réciter les riffs cultes dans chacun de leurs morceaux.

Enfin en étant tout à fait honnête quelques singles m'ont fait taper du pied comme attendu, de l'inaugural "Delivery" au toujours très bon "Killamangiro" (le plus Libertines du lot) mais vous lirez probablement des compte rendu beaucoup plus enthousiastes que le mien.

Allez, il fait maintenant nuit et le clou de la soirée arrive enfin, après une sélection frenchy des plus raffinées (Gainsbourg, Birkin, "La ritournelle" de Tellier...).
Car on l'oublierait presque qu'ils sont Français, tant Phoenix cartonne jusqu'aux Etats Unis en faisant triompher une pop décomplexée et terriblement efficace, nous vengeant de décennies de machins impropres à l'export.

Le premier quart d'heure est sans doute la meilleure entame de concert vues depuis la grand époque de feu Supergrass : "Lisztomania" + "Lasso" + "Consolation Prizes" + "Long Distance Call", pas sûr de l'ordre exact mais enchainés d'entrée et sans temps mort c'est tout simplement énorme.

Les titres les plus souples du style "Fences" ou "Girlfriend" passent très bien avant que le complexe "Love like a sunset" déploie patiemment sa mélodie sur fond de visuels à la Kraftwerk, assez bluffant dans le genre.

On les savait maniaques du son en studio, la perfection est également de mise sur scène, c'est puissant mais jamais lourd, groovy mais jamais vulgaire, une leçon de hits calibrés qui nous font danser depuis 10 ans déjà.

En tant que fan absolu des deux premiers disques, je suis évidement un peu déçu de ne pas y entendre, format festival oblige, quelques incontournables à la "Run run run" ou "Too young", mais on aura quand même droit à quelques uns des classiques des débuts.

L'inattendu "Funky Squaredance" en tête, avec son solo si borderline, une version musclée d'"If I ever feel better" (qui reste ma préférée), un "Everything is everything" dans son plus simple appareil.

Au rappel alors qu'on pensait avoir entendu tous les tubes récents, c'est le feu d'artifice "1901" qui se charge de clôturer en beauté ce set qui m'aura paru bien court pour le coup, mais redonné le sourire le temps d'une soirée.

(Photos C_Boo)

12 juil. 2010

Worldwide Festival 2010

Sète, 9 et 10 Juillet 2010.

Cela fait plusieurs années que j'avais envie de me rendre au Worldwide Festival, qui propose chaque été des affiches très classe concoctées par le grand Gilles Peterson, fidèle à l'esprit de ses émissions sur la BBC (diffusée en France sur Nova) avec des artistes soul, funk, hip hop, electro, pour la plupart peu connus ou rares dans le sud.

Les concerts étant déjà complets, ce sera entre deux après midi plage l'occasion d'aller aux plateaux dj's qui se déroulent au Phare du Mole, dans un cadre à taille humaine, plein à craquer avec une forte proportion d'Anglais en vacances.

Grosse déception en arrivant, l'annulation de dernière minute de deux artistes qui avaient motivé ma venue, les très doués Flying Lotus et Joy Orbison qui font suite au désistement la veille de Gil Scott Heron, une vraie série noire.

Qu'à cela ne tienne, il reste quand même du beau monde pour ce vendredi soir à commencer par Theophilus London, rappeur New Yorkais au flow felin et au jeu scénique très remuant.
Il n'a pas de dj avec lui mais les sons qu'ils proposent sont très variés, ses morceaux puisent autant dans la synth pop que les rythmes afro, quand ils ne détournent pas façon Spank Rock une vielle scie de Whitney Houston.

La suite est assez déroutante avec le producteur très chevelu Gonjasufi et son acolyte très barbu (et assez barbant) Gaslamp Killer au micro.
Déroutante parce que si le duo a plein d'idées sur disque, la cohérence de leur trip agressif et psychédélique sur scène est moins facile à appréhender.

Le son est très saturé, les enchainements manquent de fluidité, on ne s'ennuie jamais vraiment mais on ne sait pas trop sur quel pied danser, leur intransigeance et le coté fumeux de leurs titres en laissent pas mal sur leur faim.

Succès toujours au rendez-vous pour Laurent Garnier invité de dernière minute pour pallier aux annulations, avec un set qui comment classiquement house, efficace mais un peu trop linéaire à mon goût, la première heure m'a paru bien longuette.

Mais la seconde est plus ludique, avec l'hymne hi-NRG "You make me feel" de Silvester souligné par des effets de couleurs très gay puis un peu plus tard un remix dubstep du "I'm sorry" de Brenda Lee par les obscurs Woodhead & Blenda suivi du brutal "WTF" de Rusko, l'affaire prend une tournure inattendue.

Garnier joue alors des titres drum'n'bass percutants et est accompagné par Mc Dynamite qui se chargeait jusque là des transitions entre les groupes.
L'ambiance monte d'un cran et si le set sera trop long pour ne pas me faire décrocher, il aura quand même ravi la plupart.

La fin de la soirée est présentée par Peterson comme le futur de la scène club Anglaise, avec SBTRKT, dj masqué aux sonorités renversantes.

Le début de son mix propose un panel de tout ce qui se fait de plus excitant et neuf, des beats concassés et abrasifs qui font très mal à cette heure avancée de la nuit, alors qu'une pluie fine ne décourage pas les derniers fêtards.

Son re-edit du "Everything in its right place" de Radiohead, en particulier, bluffe tout le monde.
Il est rejoint par le chanteur Sampha qui vient ajouter une touche soul à une série de titres puissants sans doute à paraître dans les mois à venir, à surveiller de près.

Le lendemain on arrivera un peu trop tard pour apprécier le mix disco house de Kyle Hall et on sera assez déçu par les dOP. pourtant précédés d'une belle réputation.

Leur deep house avec moult samples de cuivres et percussions sonne bien mais leur chanteur, passablement éméché, gâche et parasite l'ensemble.

On s'amuse de le voir gesticuler en caleçon Elmo (de Sesame Street) puis de dégrafer la robe d'une spectatrice et se retrouver à poil quelques minutes mais n'est pas Iggy Pop qui veut, c'est assez poussif.

Un flop heureusement vite oublié avec le long set (plus de deux heures) de Josh Wink dont je m'étais voulu d'avoir raté le récent passage à la Fiesta des suds. et qui est parfait du début à la fin.

Techniquement irréprochable mais également plein d'âme, varié, dansant, hypnotique, un vrai bonheur qu'on soit fou d'acid house ou juste amateur de bonne dance music.

Surtout qu'au rappel l'Américain joue son mythique "Higher State Of Consciousness" qui reste toujours aussi jouissif 15 ans après sa sortie.