3 juil. 2006

Eurockéennes 2006 (1/3)

Beaucoup de bonnes choses au programme de cette première journée, peut-être trop puisqu’il faudra encore comme à chaque fois faire des choix et laisser de coté des bons plans.
A ce que j’ai compris ça ne s’est pas trop mal passé pour notre casse cou d’Anais qui a arraché quelques sourires aux fans des rustauds Deftones que l’on entendait (subissait ?) de très loin.

Mon premier concert sera loin de la grande scène, avec les derniers titres joués par Fancy qui amusent la petite foule du Soundsystem, devenue cette année une scène avec des live et des dj’s, intimiste à souhait.
Ces jeunes gens ne se prennent pas une seconde au sérieux et jouent la carte du glam rock 70’s avec des gros riffs groovy et un chanteur à la voix suraiguë, repéré l’an dernier sur le « Bitch » de Rinocérose, un show case ma foi fort sympathique.



Sous le chapiteau, les Arctic Monkeys dont le succès fulgurant m’avait empêché de voir la prestation Marseille. Etonnants de maîtrise et de maturité, ces gamins utilisent toutes les ficelles d’un rock anglais que l’on connaît par cœur, avec beaucoup d’enthousiasme et un public bouillant avant même le départ.

Dionysos suivent accompagnés de la soixantaine de musiciens et de choristes issus de la Synfonietta de Belfort pour une rencontre ambitieuse mais malheureusement pas à la hauteur de celle avec An Pierlé en 2004.
Malgré des arrangements remaniés et de bonnes idées, l’univers de la bande à Mathias Malzieu ne se marrie pas toujours avec bonheur à cette débauche de moyens, coupés net dans leur élan par une coupure de courant.
On retiendra quand même un « Song for Jedi » final d’au moins dix minutes, le temps d’un stage diving toujours impressionnant et puis 30000 personnes qui crient « Ta gueule le chat » ça fait aussi son effet.



Grosse ambiance au Chapiteau pour Damian ‘Jr Gong’ Marley, introduit par ses excellents musiciens sur le riddim légendaire de « Jammin ».
Même s’il reprendra plus tard « Could you be loved » le concert ne se résumera pas à un énième hommage au grand Bob, plutôt une succession de pépites dancehall qui empruntent subtilement au ska ( "All night " ), à la soul ( « Beautiful » ) ou au hip hop avec l’incroyable « Welcome to Jamrock ».
Un performer hors pair entouré de bonnes choristes et d’un infatigable porte drapeau qui a hissé haut les couleurs de Kingston, paré d’un son exceptionnel digne d’une session dans les studios Tuff Ggong, transportant l’audience dès les premières mesures, une bonne surprise.

De surprises les Strokes n’en ont réservé aucune, leur prestation millimétrée agaçant pas mal de détracteurs depuis leurs débuts.
Une présence scénique limitée certes, mais les chansons de 3 minutes, la voix traîne la mort, les solos et gimmicks calibrés, tout est là pour contenter les fans absolus (dont je fais partie) sans les faire rêver pour autant.


La vraie révélation du soir, c’est The Gossip, trio disco punk qui a tout emporté sur son passage malgré un public moindre et impatient de voir la tête d’affiche.
La chanteuse Beth Ditto n’a pas qu’un embonpoint hors norme, c’est une diva comme on en croise trop peu sur les terres du rock, d’une énergie et d’une sensualité telle que mêmes les compositions les plus faibles du groupe dépotent un max.
Trois moments achèvent de nous mettre à genoux, une reprise émouvante du « Are U that somebody » d’Aaliyah, une version sans guitare mais avec une basse redoutable de « Listen up » et enfin un « Standing in the way of control » dévastateur où entre deux hurlements elle n’hésite pas à se mêler aux premiers rangs et se rouler par terre pendant que ses acolytes poussent le vacarme à son paroxysme.

Après cette tornade, il fallait bien quelque chose de démesuré pour placer la barre encore plus haut, le show de Daft Punk n’a pas déçu, faisant une quasi unanimité malgré quelques réfractaires aux musiques électroniques pour lesquels on ne peut pas faire grand-chose sinon leur conseiller de reprendre le bus vers le camping.
Je m’étais interdis de visionner les vidéos de leur live à Coachella pour avoir une surprise totale et bien m’en a pris car tant au niveau visuel que musical c’était énorme.
Beaucoup de titres du dernier album tant décrié sont d’abord joués dans des versions remixées qui ressemblent à des versions finies là où « Human after all » semblait baclé, le choc auditif est de taille, et progressivement les classiques des précédents disques ( « Rollin and scratchin », « Around the world », « One more time ») transforment le site des Eurocks en plus grande discothèque du monde.
Le concept de la pyramide qui s’illumine de mille feux fait mouche, et sous leurs masques Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo peuvent faire les fiers, leur pari sons et lumières est une réussite à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du festival.


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